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 La femme tempête

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anako
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MessageSujet: La femme tempête   La femme tempête EmptyDim 5 Oct - 20:43

Silence, murmure et violence
Mon ange? Connais-tu l’histoire de la fille tempête? Cette fille aux cheveux fondus dans le vent et aux yeux parallèles à l’océan houleux, tu connaît son histoire? Cette fille qui n’a jamais aimé, qui n’aime pas et qui n’aimera jamais. L’histoire propre à la légende dit vraie. Elle chuchotait au vent des mots qu’eux seuls comprenaient. Deux amants sans amour épris de liberté. Et ses mots l’appelaient, le repoussaient et le narguaient, encore qu’il ne les écoutait pas, les mots d’une femme, sa possession, son désir et ses pieds sur terre. Au fond, ils étaient deux affalés sur terre pour y mourir et y renaître infiniment. Un soir, au creux de son lit, comme au creux de la mer, la jeune fille avait grandit. Elle était suspendue entre deux temps. L’amour est la haine sans que l’humain ne sache vraiment pourquoi et dans l’abîme de ses yeux l’appel d’urgence. Le vent ne colportait plus ses rumeurs dans les rideaux de son ciel de lit. Elle mourut de l’intérieur, une fraction de seconde, elle n’avait plus d’air. Vitale, essentielle, l’idée du vent et son odeur dans ses cheveux n’y étaient plus. Comme une épave, elle pleura mille naufrages, quelques bourrasques, des vagues d’amertume et le besoin d’être aimé. Son amant ne l’avait regardé qu’en vertu d’une âme pierreuse, qui aurait pu être, mais ne l’était pas, sans vie.

La différence, sujet des hommes qui, le cœur lourd, voyagent. Il ne fallait pas être marin pour l’aimer cette dame perdue aux tréfonds de l’oreille du vent. Silencieux, il ne dit mot. Silencieux, il souleva imprudemment le cœur d’une femme. Silencieux, patient, il détruit tout, ne lui laissant rien. Il ne voulu rien entendre sans feindre pourtant de l’écouter. C’est là que le voyage de l’homme et la différence prend fin. La femme était au bras du muet qui les ramenait chez eux au bord de la falaise, au bord du gouffre, au bord de tout, au bord du monde. Les frissons multiplièrent les mers au pied de leur maison consolable seulement d’exister. Le vent avait perdu. Le vent est fourbe, le vent est jaloux, jaloux comme celui qui a tout perdu ce qu’il n’aimait pas. Ce qu’il désirait pour lui avec vanité et égoïsme l’avait quitté pour aimer. Une nuit, il se leva tard, à coup de volet sauvage il tira l’homme et l’amante du lit. Pour sa plus grande folie, l’homme aux murs de silence perdit pied et la réalité lui échappa. Le vent traître parti content, sa femme lui reviendrait. Mais tu sais quoi mon ange? Jamais de larmes ne furent plus belles que celles qu’elle versa en étoile sur le papier de la lettre qu’elle écrivit aux aigles. Suspendue au dos du vent, la lettre fit le tour du monde. Les milles étincelles émerveillèrent sans choquer les plus faibles et gonfla le courage dans la gorge même des aigles qui volèrent par amour de deux à la falaise. Avant que l’homme qui de toute façon n’aurait pas crié à l’aide, ne pu toucher le sol, les aigles lui apportèrent un baiser sur chacune de ses paupières et avec lui sur leurs dos de réveille, ils le ramenèrent à la maison aux volets cette fois calmes. Au demi-sourire-soupire l’homme à la fille tempête fit le plus beau rêve de sa vie. Elle était toujours là, avec lui et son silence. Au matin, les aigles repartirent fier et en silence, plus riche qu’à leur arrivée. Les prunelles sombres du monstre au cœur de farine fine et épar aperçurent les aigles sur leurs départs et comprit que sa maîtresse ne reviendrait pas. Alors, il refit face à la falaise, l’affrontant de rage violente. Battue, elle recula. Libre d’aller, il souffla encore dans les cheveux de sa douce comme mille fois. Il la retient de tomber avec la maison et le silence qui l’avait vraiment sauvée. Il murmurait les mots qu’eux seuls comprirent. Elle ne lui répondit pas. Les mers répondirent pour elle, fouettant le vent à mort. Silencieuse comme celui qu’elle allait rejoindre, elle fit ses adieux à la terre rasant ses cheveux pour refuser la dernière bise du vent. Et enfin libre d’aimer, elle toucha l’océan au cœur rejoignant pour toujours la maison, la falaise et l’homme qui avait dompté sa tempête.
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